Je viens de terminer un très gros livre qui m'a tenue en haleine près d'un mois!
Un polar? Presque.
Une histoire d'amour? Presque.
Un témoignage sur l'art d'écrire? Presque.
'Joseph Anton' est tout ça à la fois!
'Joseph Anton', de Salman Rushdie (2012 - 633 pages!)
Niveau minimum requis: B2+, voire C1
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 2009 de ce blog)
Salman Rushdie, c'est mon big big love. Pas nécessairement l'homme, qui peut m'agacer, voire vraiment me déplaire, mais l'écrivain.
J'ai lu 'Midnight's Children', 'Shalimar The Clown', 'The Enchanteress of Florence', 'The Moor's Last Sigh'... Son écriture est magique, épicée, parfois tellement littéraire qu'on n'y comprend rien!
Voilà pourquoi je ne l'ai jamais recommandé dans ces pages; c'est tout simplement trop difficile pour les non-spécialistes de l'anglais.
Mais je ne résiste pas à vous signaler celui-là.
Ce dernier opus est en fait de la non-fiction (hélas pour lui) car Salman Rushdie retrace dans 'Joseph Anton' les dix années de sa vie où il a dû vivre caché sous protection policière parce qu'un ayatollah iranien a déclaré son roman 'The Satanic Verses' blasphématoire, appelant par le biais d'une fatwa à sa mise à mort, rien de moins.
Sous-titré 'A Memoir', 'Joseph Anton' nous permet d'entrer dans l'intimité d'un des plus grands écrivains de langue anglaise contemporains. On y découvre sa famille d'origine indienne, ses habitudes d'écrivain, ses amis tous plus ou moins connus. On assiste aussi à la lente dégradation de sa vie quotidienne, au gré des refus de Scotland Yard pour toute sortie à l'extérieur des différents bunkers où la menace de mort iranienne l'obligeait à se terrer. Il a continué d'écrire et de publier, a eu un autre enfant, s'est marié, a divorcé...
C'est un récit absolument captivant qui m'a personnellement permis de mesurer pour la première fois à quel point la liberté d'expression est un droit fondamental d'une fragilité inouïe.