mardi 24 avril 2012

Dystopiamania...



Puisqu'il fait un temps vraiment démoralisant, je vous propose un tour du côté des dystopias les plus connues, histoire de se convaincre que 'it could be worse!'.
Il s'agit en général d'une fiction qui se passe dans un avenir assez lointain et qui décrit une société entièrement contrôlée pour - a priori - garantir le bonheur de tous ses membres...
Mais l'utopie s'avère souvent être plus proche d'un calvaire, d'où l'invention anglaise du mot 'dystopia', le contraire de 'utopia'.

Je vous recommande deux romans selon votre niveau de lecture, et votre âge:

First things first, la référence en la matière c'est l'inégalable '1984' de George Orwell, que tout le monde devrait lire - et en anglais!

'1984' de George Orwell (1949 - 330 pages)
Niveau minimum requis: B2
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 2009 de ce blog)

On ne le présente plus, c'est la base de toutes les dystopies écrites par la suite. George Orwell a écrit ce roman juste après la Seconde Guerre Mondiale et a inversé les deux derniers chiffres pour imaginer ce que pourrait devenir notre société.
C'est lui qui a inventé 'Big Brother', le visage moustachu qui vous surveille de son écran où que vous soyez. Dans cette société, même vos pensées sont passées au crible par 'The Thought Police'. Se rebeller est un acte de folie. Le roman est cruel, et finalement très déprimant.
MAIS rien n'en remplace la lecture, surtout pour mettre en perspective ce parangon de  dictature où chacun est épié, chaque geste surveillé par 'Big Brother'  et notre société d'aujourd'hui, où tous nos mouvements peuvent être également 'tracked down', en particulier sur internet, ou grâce à nos smartphones, etc. 

Le deuxième, très inspiré du premier, est écrit par une Américaine connue pour son talent à écrire pour la jeunesse:

'The Giver' de Lois Lowry (1993 - 200 pages)
Niveau minimum requis: B1 (première partie) puis B1+ (deuxième partie)
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 2009 de ce blog)


La première partie est idyllique: dans la communauté où vit Jonas, bientôt 12 ans, tout a été pensé pour éviter à ses membres la moindre souffrance. Tout est choisi pour eux: leur famille, leurs noms, leurs métiers et même leurs repas. Tous se déplacent en vélo et cette société ne connaît pas le manque, la pluie, la violence... 

La deuxième partie montre la face cachée de l'utopie... mais pas de 'spoilers', je n'en dis pas plus, vous devez lire la suite! 

À noter, ce roman est polémique:
On the one hand,  il est culte auprès de millions de jeunes lecteurs. Il est aussi étudié à l'école aux Etats-Unis comme une première sensibilisation à la dystopie, regorgeant de 'food for thought' selon beaucoup de professeurs. 
On the other hand, il est aussi très controversé, toujours aux Etats-Unis, et est même interdit dans certaines écoles parce qu'il touche à des sujets hyper sensibles comme l'avortement, l'euthanasie, etc.

Voir aussi mon message du 24/01/12 'Avoir 15 ans en 2010' et les commentaires suivant celui du 26/02/11 'Watch out: Good Book ahead!'.

lundi 16 avril 2012

'THE Victorian Gothic Thriller'

Vacances de Pâques + temps de novembre = un livre avalé en un jour!

Mais quel livre!

'The Woman in Black' de Susan Hill (1983 - 200 pages)
Niveau minimum requis: B2 (ou B1+ si vous avez vu le film avant)
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)


C'est une histoire vraiment terrifiante dont l'adaptation pour la scène est à l'affiche depuis 23 ans sur la scène londonienne* (cliquez sur le titre de ce message pour en savoir plus).
Un film vient aussi de sortir avec Daniel Radcliffe dans le rôle principal.

Mais rien n'égale l'expérience de la lecture: parce que 'The Woman in Black' est écrit à la première personne, le roman ne laisse au lecteur aucun recul par rapport aux peurs du narrateur. L'osmose entre ce pauvre jeune homme et nous est immédiate et dure tout le long des 200 pages - que l'on peut (que l'on doit?) lire d'une traite (il suffit de ne pas répondre au téléphone, de ne pas consulter ses emails et d'avoir un paquet de ses biscuits préférés pas loin avec une tasse de thé!)...

Frissons garantis, malaise évident, idées morbides récurrentes... Le tout drapé dans une atmosphère victorienne** dans le nord de l'Angleterre où les éléments se déchaînent... Unputdownable!

* le record est détenu par 'The Mousetrap' d'Agatha Christie qui est joué à Londres depuis 1952!!!

** l'auteur, Susan Hill explique qu'elle ne pouvait pas inventer une histoire aussi intense à une autre époque que l'ère victorienne. Écoutez son interview sur la BBC, où son roman est identifié comme 'THE Victorian Gothic Novel' alors qu'il a été écrit il y a bientôt 30 ans...
http://www.bbc.co.uk/programmes/b019rgt3



dimanche 15 avril 2012

Hurray! Un roman victorien accessible!

Long time no write, sorry...

La cause de ce silence c'est que je me suis plongée dans un roman fleuve, et que je l'ai dégusté comme un délicieux gâteau qu'on ne veut pas engloutir trop tôt!

Il s'agit d'un long roman victorien qui, comme souvent à l'époque, a été publié petit à petit dans un magazine littéraire*:

'Wives and Daughters' de Elizabeth Gaskell (1864 - 580 pages)
Niveau minimum requis: B2
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Ce roman se décline en 60 chapitres et fournit au lecteur une peinture extraordinaire de la vie de la gentry et des aristocrates de la campagne anglaise dans les années 1820. On est au début de la Révolution Industrielle, qui pointe son nez à travers le nouveau moyen de transport que constitue le train. On assiste aussi à la naissance de l'intérêt des jeunes gens éduqués pour les sciences, en particulier la biologie. D'ailleurs, Charles Darwin est de la famille de l'auteure...

Ce qui est le plus étonnant c'est le charme qu'opère ce roman, alors qu'il ne se passe pas grand chose en termes d'intrigue, de rebondissements. L'intérêt réside surtout dans l'étude des personnages et de leurs relations, en particulier dans la sphère familiale (d'où le titre!). Tout sonne très juste, et, comme dans toute bonne comédie de moeurs, on s'imagine sans peine la vie de ce village du nord de l'Angleterre dans ce début du XIXème siècle où tout est en mutation.

Ne soyez pas effrayés par la longueur du roman. C'est plutôt facile à comprendre, et en dépit de sujets sérieux et un peu surannés pour nous lecteurs du XXIème siècle, la plume d'Elizabeth Gaskell s'avère légère, en particulier dans les dialogues nombreux et réjouissants.

Surprise de taille pour moi aujourd'hui en lisant les dernières pages: le roman est inachevé. Elizabeth Gaskell est morte avant d'en écrire la fin.
Curieusement, ce n'est pas un problème (I mean, pour le lecteur, pas pour elle, bless her...).

* The Cornhill Magazine, revue d'une longévité remarquable: 1860-1975!