jeudi 25 mars 2010

En route pour l'Afrique du Sud! PART ONE

... Mais pas pour le football! Cet incroyable pays va bientôt se trouver sous les feux de la rampe. C'est le bon moment pour lire des auteurs sud-africains et assister à l'émergence d'une nouvelle Afrique du Sud dont beaucoup prédisait un avenir bien sombre malgré l'élection de 'Madiba', aka (=also known as) Nelson Mandela, my beloved hero (voir le message du 24 juin 09).

Les livres écrits par des auteurs sud-africains sont souvent très douloureux, l'histoire du pays étant chaotique depuis la colonisation des fermiers hollandais ('the Boers' qui parlent l'Afrikaans), suivie de celle des Anglais qui prendront le contrôle du pays avant que les 'Afrikaners' (descendants des Boers, vous suivez?) remportent les élections en 1948 et instaurent un des régimes politiques les plus liberticides jamais inventés, l' 'apartheid' (=séparation en Afrikaans) qui restera en vigueur jusqu'en 1990. Le monde assiste alors à la libération d'un homme qui va devenir l'icône absolue de 'New South Africa'... Vous connaissez la suite.
Avant la fin de l'apartheid, nombre d'écrivains sud-africains ont vu leurs livres censurés. Je vous propose la lecture de l'un d'entre eux, publié en 1985 (période de très grande tension en Afrique du Sud). Il a été écrit par une auteure pour la jeunesse, Beverley Naidoo. Elle est née en Afrique du Sud en 1943 dans une famille blanche et a connu la prison à 21 ans pour ses opinions anti-apartheid. Elle a fui son pays natal pour l'Angleterre en 1965 et n'y est revenue qu'en 1991.

'Journey to Jo'burg' par Beverley Naidoo (1985 - 89 pages)
Niveau minimum requis: A2+ Peut convenir à un jeune lecteur
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

N'hésitez pas une minute à vous offrir (et à offrir à de jeunes lecteurs) ce petit livre: il raconte l'épopée de deux enfants noirs en route pour retrouver leur mère qui travaille à Johannesburg. On découvre la dure réalité des lois incompréhensibles du régime afrikaner à travers les yeux de ces deux enfants qui quittent leur village natal pour la première fois.
Leur longue marche permet à Beverley Naidoo de dénoncer la flagrante injustice du système politique ultra-répressif dont ils sont victimes, ce qui constitue probablement la raison pour laquelle cette histoire inspirée de faits réels a été censurée jusqu'en 1991.
Le récit est suivi d'une dizaine de pages où Beverley Naidoo présente ce qu'il faut savoir sur l'Afrique du Sud dans la deuxième moitié du XXème siècle. C'est vraiment une lecture que je vous recommande; vous aurez à n'en pas douter envie de faire lire ce petit livre tout autour de vous.
NB: Beverley Naidoo s'adresse à de jeunes lecteurs. La violence des situations est atténuée par la candeur des personnages principaux. Elle parvient à dénoncer l'apartheid sans nous confronter à l'insupportable cruauté dont d'autres auteurs feront le cœur même de leurs écrits. (to be continued...)

samedi 13 mars 2010

Devoir de mémoire

'Sister Sister' par Anna Rosner Blay (264 pages, 1998)
Niveau minimum requis: B1
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Au moment où le film 'La Rafle' sort dans les salles de cinéma, je ne peux pas ne pas vous signaler ce livre, 'Sister Sister', écrit en anglais par une auteure née en France en 1947 et partie pour l'Australie à l'âge de 2 ans.

Ce sera sûrement le seul livre dont je parlerai sur ce blog avec autant d'émotion.

Il se trouve que l'auteure, Anna, est devenue une amie.
Je l'ai rencontrée à Melbourne en 2002, lors d'un échange scolaire entre mon lycée et celui où elle enseignait le français. A ce moment-là, je lisais l'autobiographie de Roberta Sykes, une Aborigène qui a fait ses études à Harvard après avoir subi les pires outrages dans son pays. Dans la salle des professeurs de ce lycée, la conversation tournait autour de la littérature; nous disions que la plupart des autobiographies relatent des faits qu'un auteur de fiction n'oserait jamais inventer, tant les faits paraissent littéralement incroyables. Anna était un peu plus loin, seule, perdue dans ses pensées et quelqu'un m'a murmuré: 'Tu vois Anna, là-bas? Elle est née à Paris après la guerre. Elle vient d'une famille de Juifs polonais dont certains ont survécu au ghetto de Cracovie, puis aux camps de concentration parce qu'ils étaient sur la liste de Schindler.'

J'ai fait la connaissance d'Anna quelques jours plus tard; elle m'a offert son livre et je m'y suis plongée avec un mélange d'impatience et d'effroi.

Lire 'Sister Sister' n'est pas une expérience de lecture ordinaire.
Les deux sœurs du titre sont Hela, sa mère et Janka, sa tante. Le livre est construit sur le tissage de leurs témoignages recueillis et mis en forme par Anna après des années de non-dits et de silences sur leur vie avant, pendant et après cette tragédie. Leurs récits, d'une puissance émotionnelle intense, se démarquent des autres récits de survivants parce qu'ils sont ponctués de passages de prose poétique qui révèlent le lien entre les rêves et les cauchemars d'Anna et le traumatisme subi par sa famille. Ses premiers souvenirs d'enfance (à Paris), ses angoisses une fois adulte (elle a une peur panique du dentiste), ses peurs et ses souffrances prennent tout leur sens à la lumière de ce que ses parents ont vécu et, comme la plupart des survivants, choisi de taire pendant des dizaines d'années.

Le niveau de langue est vraiment accessible, l'anglais n'étant pas la langue maternelle de Hela et Janka. Les passages écrits par Anna sont plus élaborés* mais c'est surtout ce qui est relaté qui peut être, on s'en doute, totalement insoutenable.
Or, il y a tellement d'amour dans ce livre qu'on ne peut le poser avant de l'avoir terminé.
*Anna est aussi publiée pour sa poésie et d'autres écrits, cliquez sur le titre de ce message pour aller voir son site officiel.

Anna a perdu son père l'an passé; sa mère vit toujours à Melbourne, loin, très loin de son pays natal. Anna vient de ce côté-ci de la planète tous les 4 ou 5 ans, me faisant l'immense plaisir de se poser chez moi une petite semaine avant de continuer son chemin ailleurs en Europe.
I love her so much.

NB: Aujourd'hui (le 10/10/10) Helen (Hela) Rosner s'est éteinte, entourée de ceux qui l'aimaient, à Melbourne.

mercredi 10 mars 2010

Et si on s'amusait un peu?

Pour faire face à la rigueur de cet hiver qui n'en finit pas, je vous propose de découvrir une collection de guides qui peuvent paraître très 'différents'* ... Ils s'attachent en fait à décrire de la façon la plus juste mais aussi la plus irrévérencieuse les caractéristiques d'un pays et de ses habitants (pas de rapport avec le funeste débat français sur l'identité nationale!).

Ces guides s'appellent tous : 'The Xenophobe's Guide to the... [+ la nationalité]', titre difficile à assumer quand on lit l'ouvrage dans un aéroport ou dans un hall de gare! Mais il suffit de glisser ce petit manuel dans un magazine, comme les businessmen qui lisaient incognito les aventures de 'Harry Potter' dès leur parution dans les trains anglais!

Niveau minimum requis: B1+
car ce peut être très 2nd degré!
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

L'idée de cette collection est en réalité de donner à ses lecteurs les clés pour décoder des comportements qui leur sont étrangers.
Les auteurs diffèrent selon la nationalité étudiée, mais il s'agit très souvent d'un anglophone qui vit dans le pays en question depuis longtemps, et qui partage la vie d'un autochtone. C'est donc à prendre un 'inside look' que nous sommes invités, avec une distance bienveillante mais redoutablement perspicace.
Je crois qu'il faut commencer par celui qui décrit les Français; il y a des pages hilarantes qui identifient finement nos particularismes et nos travers .
Il existe une trentaine de guides (sur les Américains, les Anglais, les Italiens, les Australiens, les Allemands, les Suisses, mais aussi les Japonais..).
Moi qui vais en Angleterre très souvent et depuis longtemps, je dois avouer que la lecture du 'Xenophobe's Guide to the English' m'a fait comprendre a couple of things dont je n'avais jamais eu conscience.

A lire pour savourer davantage son séjour sous d'autres cieux.

* l'adjectif 'different' est très utilisé par les Britanniques lorsqu'ils sont obligés de donner leur opinion et qu'elle n'est pas très positive, par exemple:
'How did you like the play?'
'Oh, it was... different.'