samedi 24 avril 2010

Afrique du Sud: les grands classiques PART THREE

Je viens de terminer la lecture d'un classique parmi les classiques que je vous recommande si vous voulez appréhender la délicate question de la place de chaque communauté dans la société sud-africaine AVANT le régime brutal de l'apartheid:

'Cry, the beloved country' de Alan Paton (1948- 230 pages)
Niveau minimum requis: B1+ (pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)
Peut convenir à un jeune lecteur (14-15 ans)

C'est en effet un livre fondamental (qui est d'ailleurs souvent au programme de littérature dans les lycées anglophones) pour comprendre les relations compliquées et pas nécessairement antagonistes de la population noire et des différentes communautés blanches à la veille de l'élection de D.F. Malan, dont le parti instaurera l'apartheid.
Un des intérêts de ce roman est de nous faire partager la vie de deux hommes que tout oppose mais qui pourtant se comprennent et se respectent. Un autre est d'éviter les poncifs habituels sur l'Afrique du Sud (qui sont les bons, qui sont les méchants) pour finalement amener le lecteur au cœur de l'identité de ce pays complexe.

La lecture est souvent facilitée par un grand nombre de dialogues et de descriptions d'actions. Les personnages sont aisés à reconnaître et souvent attachants.
Une difficulté à signaler toutefois: l'auteur utilise plusieurs narrateurs et certaines pages sont parfois compliquées à comprendre parce qu'on ne sait pas d'emblée qui parle. Enfin, certains passages relèvent plus d'une émouvante prose poétique, ce qui constitue une raison supplémentaire pour s'y plonger.

dimanche 11 avril 2010

Afrique du Sud: is it possible? PART TWO

'South Africa: it's possible' c'est le slogan très courageux du site officiel de l'Afrique du Sud. Il reconnait implicitement qu'aller en Afrique du Sud ne va pas de soi (is not self-evident) ...
L'assassinat sauvage, la semaine dernière, du représentant le plus connu des nostalgiques de l'apartheid, Eugène Terreblanche - aux ancêtres huguenots (cliquez sur le titre de ce message pour plus de détails) - a ravivé la crainte bien réelle que le pays est loin d'être pacifié.
Mais comment le serait-il, après des décennies d'exactions innommables? La démocratie sud-africaine est jeune et fragile (je vous rappelle que les premières élections démocratiques ont eu lieu voici 16 ans...).
Ce mois-ci je vous propose de lire un roman écrit par un immense écrivain sud-africain, J.M. Coetzee, Prix Nobel de Littérature en 2003. C'est un homme très discret, qui a horreur des interviews et dont on sait peu de choses: il est né en 1940, a exercé le métier de professeur de littérature à Cape Town et, comme beaucoup de ses compatriotes blancs, a finalement quitté l'Afrique du Sud pour l'Australie en 2002. Il n'a jamais défendu l'apartheid, bien au contraire, mais n'a jamais pris parti pour un mouvement quel qu'il soit. Voici ce qu'un article du magazine 'Time' dit sur lui (en octobre 2003):
'
Coetzee will be remembered for something quite simple: here was a writer who described, more truly than any other, what it was to be white and conscious in the face of apartheid's stupidities and cruelties.'

'Disgrace' de J.M. Coetzee (1999- 220 pages )
Niveau minimum requis: B2 (pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)
Ce roman a déclenché une véritable polémique en Afrique du Sud, probablement parce qu'il a été un des premiers à mettre en scène le désarroi de la minorité blanche lorsqu'elle perd sa suprématie dans la nouvelle Afrique du Sud. On y suit la longue descente aux enfers d'un professeur d'université cinquantenaire, solitaire et désabusé ainsi que celle de sa fille, une sorte de hippie débonnaire (est-ce un pléonasme?) chez laquelle il croit pouvoir trouver refuge...
Euh... non, avec J.M. Coetzee, il faut s'attendre à un bel épisode de violence brute, qui laisse le lecteur K.O (
knocked-out).
De l'avis de beaucoup de critiques, le Prix Nobel de Littérature vient justement récompenser une écriture post-moderne très maîtrisée sous une apparente simplicité. Choix rare chez les écrivains anglophones, le récit de 'Disgrace' est écrit au présent simple, lui conférant une immédiateté accrochant le lecteur jusqu'à la dernière page.

Âmes sensibles, ne pas s'abstenir: vous passeriez à côté d'une incroyable expérience de lecture. Et de découverte de l'envers du décor de la 'Rainbow Nation'.