mardi 28 décembre 2010

'Those nice cucumber sandwiches'

Comme vous n'êtes pas sans le savoir, nous sommes cette semaine en pleine trêve des confiseurs.

Ceci explique probablement pourquoi cet après-midi, j'ai servi to a dear friend of mine un thé Earl Grey accompagné de cucumber sandwiches.

Ne grimacez pas: c'est dé-li-cieux! Truly scrumptious.
Cliquez sur le titre du message pour voir de quoi je parle...

Ce qui me fait penser ce soir que je ne vous ai pas encore recommandé (Shame on me!) la lecture de ma pièce de théâtre préférée en anglais.
Elle débute par la visite d'une certaine Lady Bracknell, impatiente de goûter aux cucumber sandwiches que son neveu est censé avoir fait préparer pour elle:
"And now I'll have a cup of tea, and one of those nice cucumber sandwiches you promised me."

Hélas, le jeune impertinent les a dévorés avant que son imposante tante arrive. Il feint de le découvrir en remarquant l'assiette vide:
(picking up empty plate in horror) "Good heavens! Why are there no cucumber sandwiches?"


'The Importance of being Earnest' d'Oscar Wilde (1893 - 192 pages)
Niveau minimum requis: B1+ / (B2)
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Une fois n'est pas coutume, je vous conseille d'acheter une édition bilingue, avec le texte intégral à gauche et sa traduction à droite. La langue d'Oscar Wilde est d'une richesse inouïe et chaque page a son lot de traits d'esprit plus amusants les uns que les autres.
Cette pièce est d'ailleurs une des plus jouées dans le monde depuis sa création, tant elle est divertissante et légère. Elle pivote autour d'un premier quiproquo qui se complique de fausses identités, de noms d'emprunt qui s'avèrent finalement proches de la réalité...
Lire, relire cette pièce ou avoir la chance de la voir sur scène (encore mieux!) s'apparente à entrer dans un tourbillon à la fois délicieux et étourdissant, comme quand on danse à en perdre haleine.

Si vous ne faites rien de très excitant pour New Year's Eve, voilà ce qu'il vous faut! Car 'The Importance of being Earnest' est aussi pétillant qu'un bon champagne... parfait également avec les désormais fameux cucumber sandwiches!

Voir mon message du 2 août 2009 pour une autre œuvre d'Oscar Wilde.


samedi 18 décembre 2010

E-Tea Party!

Dans cette période compliquée qui précède Noël, je n'ai pas de livre facile à vous recommander. Je suis moi-même un peu perdue dans un roman pourtant très récompensé ('Let the Great World Spin' de Colum McCann - 2009) mais il doit être du niveau ... C3! Je suis à la page 149 et je commence à comprendre de quoi il s'agit... Or maybe I badly need holidays!

Alors, une fois n'est pas coutume, je vous invite à prendre un thé virtuel (e-tea! Quand je pense que mes élèves ne trouvent pas souvent mes blagues marrantes - que leur faut-il, honestly;-) ), un e-tea, écrivais-je donc, autour d'échanges de commentaires sur vos lectures en anglais cette année.

To read or not to read, that is the question! (getting better all the time;-))

Qu'avez-vous lu? Qu'avez-vous aimé? Détesté? Abandonné au bout de trois pages? Relu dix fois?

Postez vos commentaires ci-dessous, en français - or in English. Why not, indeed?

Au plaisir de vous lire.

vendredi 3 décembre 2010

Goûtez au XIXème!

Pour lutter contre le froid, je vous propose de goûter à l'élégante prose très XIXème siècle du plus européen des écrivains américains, Henry James.

'The Europeans' de Henry James (1878 -178 pages)
Niveau minimum requis: B1+/B2
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Ce court roman est à déguster comme un cupcake! Les 3 premières pages sont indigestes (de longues descriptions dans un anglais compliqué - trop de sucre tue le sucre ;-)) mais la suite s'avère proche d'un feu d'artifice de savoureuses conversations entre une jeune aristocrate anglaise, son non moins pétillant frère et leurs cousins américains. Comme Henry James lui-même s'en apercevra (il quittera les Etats-Unis pour s'installer dans le magnifique et so English village de Rye, dans le sud de l'Angleterre, avant d'être naturalisé sujet de sa très gracieuse Majesté) la vieille Europe de l'époque s'avère finalement plus moderne que le Nouveau Monde, empêtré dans sa rigoureuse morale puritaine. Le roman se lit facilement, et vous aurez la satisfaction d'avoir apprivoisé un très grand auteur reconnu pour la beauté de sa prose, et ce dans sa version originale.

En amuse-bouche, goûtez aux ligne suivantes; elles ouvrent son chef d'œuvre 'The Portrait of a Lady':

'Under certain circumstances, there are few hours in life more agreeable than the hour dedicated to the ceremony known as afternoon tea.'

A déguster sans modération!

dimanche 14 novembre 2010

Good Reads for Tweens and Teenagers

Pure coïncidence, un des auteurs préférés des tweens ( voir définition: http://www.urbandictionary.com/define.php?term=tween ) et teenagers américains est en France au moment où j'écris ce message pour une série de conférences à destination de ses jeunes lecteurs français - qui doivent HELAS le lire en français :-(

'Uglies' de Scott Westerfeld (2005 - 425 pages)
Niveau minimum requis: B1 - convient parfaitement aux jeunes lecteurs ... like, yeah, c'est écrit pour eux!
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

'Uglies' est un roman de science-fiction qui se déroule dans un monde post-apocalyptique. Ses héroïnes sont deux adolescentes qui se rebellent contre un diktat de cette société qui fait subir aux adolescents qu'elle a choisis une intervention de chirurgie esthétique lourde leur permettant de devenir beaux (Pretties).
Tous les thèmes préférés des jeunes lecteurs sont là: la dictature de la beauté et de l'image qu'on donne de soi, l'amitié, la liberté d'être qui on veut. C'est bien écrit, facile à comprendre et très divertissant (beaucoup d'inventions), bref, un cocktail énergisant parfait pour oublier le temps sombre de novembre!
A noter que 'Uglies' est le premier tome d'une trilogie qui a été beaucoup primée aux Etats-Unis et qu'un film est en préparation pour 2011. Cliquez sur le titre de ce message pour accéder au site officiel de l'auteur.

NB: ce livre m'a rappelé une boutique complètement déjantée à Londres: 'CYBERDOG' à Camden Town, qui vend des fringues futuristes dans une atmosphère de boîte de nuit de 2050. Le look des vendeurs vaut seul le déplacement! Allez voir leur site, c'est 'Uglies' version shopping ;-)
http://shop.cyberdog.net/page/99/looks?theFolder=womens

vendredi 29 octobre 2010

Scary? No... Moving!

En cette fin octobre me voici de retour d'un petit séjour à Londres où j'ai vu les pubs et les boutiques parés des incontournables toiles d'araignées, citrouilles grimaçantes et autres décorations horribles en vue de la prochaine soirée d'Halloween.

C'est probablement la raison pour laquelle, n'ayant rien à lire à l'aéroport, je me suis enfin décidée à acheter 'Twilight'! Le livre était à moitié prix, le risque n'était pas bien grand;-)

I must confess, comme beaucoup de lecteurs (français? enseignants?), je me méfie des best-sellers - not to mention que les extraits que j'ai pu voir de l'adaptation cinématographique m'ont semblé particulièrement ridicules. Pour moi, la seule histoire de vampire digne d'intérêt reste celle du 'Dracula' de Bram Stoker (1897) avec sa magnifique adaptation par F.F.Coppola.

Or, deux jours plus tard... AMAZING! Je fais partie des fans!
J'ai DEVORÉ (!) les 430 pages...

'Twilight' de Stephenie Meyer (2006 - 434 pages)
Niveau minimum requis: B1+ (peut convenir à des jeunes lecteurs)
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Je recommande vivement à tous ceux qui ont aimé le livre en français et/ou le film de lire ce roman dans sa version originale. C'est bien écrit, l'anglais est vraiment accessible avec peu de descriptions et beaucoup de dialogues. C'est un très bon premier livre pour lire en anglais sans se décourager.

Je suppose que tout le monde connaît l'histoire. Je m'étais préparée à des histoires de morsures fatales et dégoulinantes (en général, je passe les pages en question!)...

NOT AT ALL: c'est surtout et avant tout une magnifique histoire d'amour qui ne manquera pas de réveiller la midinette qui dort en vous!
Le ton peut parfois être léger et amusant, mais on est quand même dans le 'teenage wasteland' dont parlent les WHO dans Who's Next. C'est à dire qu'on partage le mal-être d'une adolescente (la narratrice), sa découverte de l'amour, le vrai, le grand et toutes les angoisses existentielles qui vont avec. En revanche, zéro mièvrerie. On a du mal à croire que cela se passe aux Etats-Unis;-).
C'est très fort. Very moving.
Personnellement j'aime moins l'histoire des vampires mais je trouve que le monde parallèle créé par Stephanie Meyer est au moins aussi complexe que celui inventé par J.K.Rowling dans Harry Potter. Donc, my hat to her.

Résultat mitigé quand même concernant une lecture 'scary' pour Halloween!
Tant pis, All We Need is Love.

Breaking news (samedi 30 octobre 2010): je viens de regarder (comprendre 'subir'!) Twighlight', le film...
AU SECOURS!!! Trop de tout: trop de bruitages, trop de raccourcis ineptes, trop de mièvrerie, même en VO, alors en VF, je n'ose même pas imaginer...
Ce qui revient à dire: rien de mieux que la lecture, aucun acteur ne surpassera la beauté que le lecteur peut imaginer, et aucun scénariste ne peut réduire de façon convaincante 430 pages en 2h de pellicule. Quite the opposite, actually.

dimanche 17 octobre 2010

Connaissez-vous Eliza Doolittle?

Mon magazine féminin préféré m'apprend cette semaine qu'une jeune chanteuse britannique vaut vraiment le détour. Son nom: Eliza Doolittle. Mon sang ne fait qu'un tour(*), mais en bonne internaute, 'I immediately google her', et - what a surprise - le nom de cette petite insolente s'étale sur les cinq premières pages de la recherche!

What's so shocking? What's the big deal?

Eh bien, la VRAIE Eliza Doolittle, ce n'est pas elle DU TOUT!

Eliza Doolittle est l'héroïne de Bernard Shaw dans sa pièce de théâtre 'Pygmalion' publiée en 1916 et reprise en comédie musicale sous le titre de 'My Fair Lady' par A.J. Lerner en 1958.
Eliza est une petite vendeuse de fleurs à l'accent cockney bien marqué: elle n'aspire aucun 'h', et dit 'rain' comme 'Rhine'; à la sortie d'une soirée au théâtre, Mr Higgins, professeur de phonétique et de linguistique, fait le pari de faire passer Eliza Doolittle pour une duchesse après 6 mois de leçons de prononciation...

'My Fair Lady' par A.J. Lerner (1960 - 100 pages)
La pièce de B.Shaw est un peu difficile à lire (Niveau minimum requis: B2+); en revanche, le script de 'My Fair Lady' est très accessible (Niveau minimum requis: B1/B1+) et vous fera passer un très bon moment.
Autre très bon moment, avant ou après la lecture: calez-vous dans votre canapé un après-midi d'automne et régalez-vous avec le DVD de la comédie musicale: la divine Audrey Hepburn (Who else?) campe une Eliza Doolittle inoubliable, et Rex Harrison un Professor Higgins d'un cynisme éblouissant. Les chansons sont 'just great', elles vous resteront en mémoire longtemps.
Cliquez sur le titre de ce message pour voir l'affiche du spectacle.

(*) je milite pour rendre à César ce qui appartient à César, notamment depuis ce jour où, à la chorale du lycée, le chef de choeur nous fait écouter un extrait du Requiem de Mozart, et un élève s'écrie: 'Ah ouais, j'connais, c'est la musique de Cliffhanger!'...
Oh-my-god...




dimanche 10 octobre 2010

On lit quoi quand il pleut?

Well, well, well... Il me semble qu'on peut s'offrir un petit voyage virtuel down under, en Australie. C'est le printemps là-bas, c'est même déjà demain, vu que nous avons 8 heures de décalage (8 heures en moins en France). Il fait 34° aujourd'hui à Darwin... Donc si vous sentez le premier rhume arriver, rien ne vaut un peu de chaleur par procuration!

J'ai eu la chance d'aller en Australie 3 petites semaines et j'en ai rapporté, entre autres, le livre suivant:
'Sunburnt Country, Stories of Australian Life' de Elizabeth Joley, Sally Morgan et une vingtaine d'autres auteurs (1996 - 200 pages)
Niveau minimum requis: B1+
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Il s'agit d'un recueil d'histoires souvent autobiographiques d'Australiens qui racontent leur arrivée sur le continent, leur enfance dans le bush, la découverte du monde du travail ou bien encore leur mariage, etc. Les auteurs sont majoritairement de la première moitié du XXème siècle, et leurs récits permettent au lecteur de découvrir cette Australie des grands espaces, où on apprend à vivre avec le minimum essentiel, expérience souvent fantasmée par les jeunes habitant ailleurs sur la planète. L'Australie reste une des destinations préférées des jeunes Britanniques ou Américains pour leur gap year.
Aussi, comme on dit en anglais, je vous souhaite 'Bon Voyage'!

D'autres lectures sur l'Australie? Voir mon message du 10 mars 2009 ('Et si on s'amusait un peu?)

mardi 28 septembre 2010

Lecture d'automne...

Difficile de trouver le temps de lire en cette rentrée quand même un peu plus morose et chaotique que les précédentes...

Aussi je vous propose de vous changer les idées en vous délectant d'écrits un peu subversifs et vraiment décapants:

'Holiday on Ice' de David Sedaris ( 1997 - 134 pages)

Niveau minimum requis: B2+ (très 2ème, voire 3ème dégré)
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

David Sedaris, c'est l'enfant terrible de l'Amérique dont il déboulonne lentement mais sûrement les mythes les plus fondateurs. Il le fait avec un cynisme souvent très très drôle, mais aussi parfois très très 'borderline'. Ce livre est un recueil de 6 nouvelles, dont ma préférée est la première: le narrateur - c'est lui, un jeune homme un peu naïf, sans relief, a priori sans talent, à qui il arrive des histoires ordinaires - raconte avec une distance hilarante le super job qu'il a décroché dans le plus grand magasin de New York: il est 'lutin du Père Noël' et c'est à ce titre qu'il devient l'observateur le plus caustique des familles américaines en pleine folie des achats de fin d'année.
C'est très amusant, et ça vous redonnera le moral: ouf! Nous sommes en septembre! Vive l'automne! Encore deux mois avant de retomber dans ce consumérisme idiot! (du moins en France - puisque mes antennes américaines me disent que tous les ans, dès le lendemain d'Halloween, toutes les décorations oranges des magasins virent en une nuit au rouge de Christmas!!! Business is business, and time is money).

Amusez-vous bien à lire cet auteur aux antipodes du politiquement correct. Mais je vous aurai prévenus: ça peut tourner au totalement sordide (un bébé meurt dans une machine à laver... David Sedaris n'a peur de rien!)

mercredi 25 août 2010

Lire un grand classique américain

'To Kill a Mockingbird' de Harper Lee (1960 - 309 pages)

Niveau minimum requis: B1 - convient parfaitement aux jeunes lecteurs
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Ce roman est un classique parmi les classiques de la littérature américaine. D'ailleurs il est au programme de l'équivalent du collège partout aux Etats-Unis; les jeunes américains le découvrent en général vers 12-13 ans et l'étudient en classe, comme 'The Old Man and the Sea' de Ernest Hemingway ou encore des nouvelles de John Steinbeck (que je vais tester pour des jeunes lecteurs bientôt...).

Personnellement, je l'ai acheté en me disant 'IL FAUT que je le lise'; du coup, je l'ai commencé 7 ou 8 fois en l'abandonnant au bout de 3 pages... Je suppose que ça vous est déjà arrivé? Le sentiment d'échec n'est jamais bien loin (genre, petite parano: pourquoi moi je n'y arrive pas alors que tout le monde dit que c'est fantastique???)...
Et puis, finalement, l'air de la rentrée aidant - as in, 'and now, time for new resolutions'! - , je l'ai repris, cette fois-ci pour ne plus le lâcher.

Une semaine plus tard, je fais partie des fans! J'espère que ce sera bientôt votre cas si vous ne l'avez pas lu.
C'est une histoire très puissante. D'abord parce qu'elle nous est racontée à travers les yeux d'une petite fille blanche, un peu garçon manqué, qui habite dans une petite ville du sud des Etats-Unis (en Alabama) dans les années 1930. Nous suivons toute l'action grâce à elle et à ses commentaires d'enfant. Le ressort principal du livre, c'est que son père, qui est avocat, accepte de défendre un homme noir accusé d'avoir violé une femme blanche. On y découvre tout ce qui fait l'Amérique: la soif de justice, de démocratie, de tolérance face au racisme, à la bêtise, à la violence, le tout à la sauce sudiste... Pas étonnant que les profs d'anglais américains aient choisi ce livre depuis des lustres comme base pour leurs cours: c'est riche, très riche à analyser.

Tout est très facile à comprendre (même si j'ai toujours la même réserve sur les 3 premières pages!), et l'intrigue va de rebondissement en rebondissement. Les dialogues sont menés comme dans un film(*) et les personnages vous seront très vite familiers.
(*) en 1962, soit tout juste deux ans après la parution du roman, sortait une adaptation au cinéma avec Gregory Peck.

Quand vous aurez lu 'To Kill a Mockingbird', cliquez sur le titre de ce message: il vous enverra sur une émission spéciale de la BBC consacrée au 50ème anniversaire de la parution du roman.
A écouter en podcast.

A noter, Harper Lee, l'auteure de ce roman qui lui a valu le Pulitzer Prize, n'en n'a jamais écrit d'autre! Elle vit toujours en Alabama, où elle a eu 84 ans en avril dernier.


jeudi 19 août 2010

Lire en VO la bible de la Beat Generation

Je viens de finir de lire ce qui est considéré comme le manifeste de la Beat Generation.

Ce livre fondamental - qui reste un best-seller 50 ans après sa parution (ainsi, paraît-il, que le livre le plus volé dans les librairies après la Bible!) - n'est autre que:

'On the Road' de Jack Kerouac (1957, réédité en 2007, 300 pages)
Niveau minimum requis: B2+, voire C1
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

La réédition de 2007 constitue en réalité une véritable nouvelle publication car il s'agit du 'Original Scroll', soit le long tapuscrit d'origine. Jack Kerouac disait lui-même que ce rouleau de feuillets collés les uns à la suite des autres ressemblait à la route qu'il a sans cesse empruntée de New York à San Francisco, en passant par le Mexique, dans une frénétique envie d'être 'On the Road'.
Cela implique que le texte est brut, sans ponctuation, sans paragraphe et, bien sûr, sans censure (les personnages apparaissent désormais sous leur vrai nom). C'est la version 'uncut'. Autant dire que la lecture n'est pas facile: les 300 pages s'enchaînent en un seul morceau, sans retour à la ligne. On ne reprend jamais son souffle, on suit Jack Kerouac dans toutes ses pérégrinations avec Neal Cassidy, son pote totalement déjanté mais si attachant.
Attention aussi au fond: ne vous attendez pas à suivre des histoires de jeunes gens aux cheveux longs fascinés par le mysticisme oriental... Ce sera vingt ans plus tard.
L'action se passe beaucoup plus tôt, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Jack Kerouac et son pote traversent le continent américain en long et en large, sans un sou, parfois en stop, le plus souvent au volant de vieilles guimbardes que Neal Cassidy malmène sans aucun scrupule. Ils font beaucoup de rencontres: des 'hoboes' (vous connaissez la chanson de Charlie Winston - thank you, MM;-), des 'Okies' (ouvriers agricoles itinérants de l'Oklahoma), des filles, beaucoup de filles! Tout ce petit monde n'a pas un penny, décroche de temps à autre des petits boulots pour survivre, vit dans des taudis, crève de faim, boit beaucoup, prend des substances... Mais l'atmosphère est celle d'une totale liberté, celle de suivre son envie du moment, de discuter des nuits entières sur le sens de la vie, d'essayer tout type de relation sexuelle, d'écrire de la poésie (on croise le poète mythique de la Beat Generation, Allen Ginsberg).
L'Amérique puritaine des années 40 et 50 n'est pas visible, c'est pourtant de son carcan que la jeunesse des années 60 voudra s'émanciper en s'inspirant de cet livre fondateur qui célèbre les grands espaces américains, l'amitié inconditionnelle et l'absolue liberté individuelle.

lundi 16 août 2010

Mères et filles, meilleures ennemies?

"All women become like their mothers. That is their tragedy. No man does. That's his."
J'ai choisi cette citation du brillantissime Oscar Wilde pour vous recommander la lecture d'un roman peu ordinaire racontant l'histoire des relations difficiles entre trois générations de femmes anglaises (mères, filles, soeurs, nièces, amies, ennemies...), de la Seconde Guerre Mondiale à nos jours.

'The Rain Before it Falls' par Jonathan Coe (2007 - 278 pages)
Niveau minimum requis: B1+
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)
Ce qui est intéressant, outre l'intrigue à tiroirs plombée par l'atmosphère étouffante de non-dits et de lourds secrets, c'est la construction du roman: une vieille dame (qui vient de mourir) commente une vingtaine de photos anciennes et tisse sous nos yeux les fils d'une histoire d'amitié et de haine entre des petites filles qui grandissent ensemble, se font des promesses, se marient, se trahissent, reviennent l'une vers l'autre, mettent d'autres petites filles au monde qui relancent le processus de secrets, lâchetés, etc.
Le ton est mélancolique à souhait, voire parfaitement pessimiste!
Mais c'est une écriture qui laisse des traces, le souvenir des diverses tragédies restant longtemps après la dernière page.

Many thanks to my dear friend Cathy for this precious gift.

dimanche 1 août 2010

Roald Dahl, ce n'est pas que pour les enfants...

Vous connaissez tous au moins une histoire inventée par cet auteur génial, notamment grâce aux adaptations de ses livres pour l'écran, que ce soit 'Matilda', 'Charlie and the Chocolate Factory' ou plus récemment 'Fantastic Mr Fox'.

Tous les livres de Roald Dahl (nom norvégien de sa famille paternelle) sont lisibles par des adultes; les histoires rocambolesques et les multiples personnages qu'il a inventés peuvent plaire à tout lecteur, la marque de fabrique de cet infatigable conteur étant un mélange détonnant entre le très drôle et le très sordide. N'hésitez donc pas à lire tout ce qu'il a écrit.

Si vous débutez, allez voir mon message du 14 juin 2009.
Si vous voulez mieux connaître l'auteur, je vous recommande son autobiographie; allez voir mon message du 24 juin 2009.

Si vous aimez le très sordide, il faut lire le recueil suivant:

'Tales of the Unexpected' par Roald Dahl (1979 -280 pages)
Niveau minimum requis: B2 (pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)
C'est une série de 16 nouvelles aux intrigues toutes plus décapantes les unes que les autres. Elles sont magistralement articulées autour de personnages a priori inoffensifs et débonnaires qui s'avèrent finalement diaboliquement impitoyables et cyniques.
Toutes diffèrent sur le fond, mais elles rivalisent de cruauté et d'horreur parfaitement assumées... à l'anglaise (ou à la norvégienne! - un peu de sang viking, no doubt;-).




mercredi 21 juillet 2010

School? Very nice, but non merci!

'The Film Club' de David Gilmour (2007- 240 pages)
Niveau minimum requis: B1+ (pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Voici un livre étonnant: pour commencer, il faut savoir qu'il raconte une histoire vraie, celle de l'auteur, un cinquantenaire canadien et de son fils, Jesse, adolescent sympa et futé mais qui n'aime pas l'école. Il y est malheureux, n'obtient que des mauvais résultats et se fait renvoyer de façon périodique.
Son père lui propose alors un marché: plus d'école, pas de travail mais 3 films à regarder ensemble par semaine...

NB: le David Gilmour en question n'est pas le guitariste de Pink Floyd, c'est un homonyme. En même temps, ce groupe mythique n'a-t-il pas eu un succès planétaire avec 'We don't need no education';-)?

Pour d'autres livres traitant de l'école, allez voir mon message du 23 août 2009.

lundi 19 juillet 2010

En route pour 'Small Town US"

"The Book of Joe" par Jonathan Tropper (2004 - 312 pages)
Niveau minimum requis: B1+ (pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Un très bon roman pour l'été, facile à lire avec des passages franchement hilarants.
C'est l'histoire d'un trentenaire qui a quitté son Connecticut natal après le lycée et n'a rien trouvé de mieux que d'écrire un roman (devenu best-seller et blockbuster) écorchant tout son entourage de l'époque. Il ne se préoccupe pas davantage de l'émoi causé par son livre dans cette 'small town' jusqu'au jour où il est obligé d'y revenir (son père a eu une attaque). Dix-sept se sont écoulés, mais la haine de ses anciens proches ne s'est pas calmée, loin s'en faut...


mercredi 7 juillet 2010

Lire un polar anglais magnifiquement... sordide!

Pas de vraie librairie anglaise sans un grand rayon de 'crime fiction', souvent commençant par les nombreux romans policiers d'Agatha Christie.
Particularisme anglais oblige, les reines des polars au pays de Sa Gracieuse Majesté (!) sont souvent de vieilles dames bien sous tous rapports, qu'il s'agisse de la doyenne, PD James (90 ans!) ou de Ruth Rendell (seulement 80 ans ;-)). Ces grand-mères vénérables écrivent des histoires de crime absolument terrifiantes, évidemment mystérieuses et souvent magnifiquement sordides.

Les Américaines ne sont pas en reste (Mary Higgins Clark, par exemple écrit toujours des histoires cauchemardesques à l'âge de 87 ans...).
D'ailleurs je vous propose la lecture du premier roman policier d'une longue série écrit par une Américaine (une petite jeune: elle n'a que 61 ans;->) et qui se déroule en Grande-Bretagne:

'A Great Deliverance' par Elizabeth George (1988, 413 pages).
Niveau minimum requis: B1+ (pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)



Vous allez faire la connaissance de l'Inspecteur Linley (aristocrate travaillant pour Scotland Yard!) et de Sergeant Havers, (prénom: Barbara, signe particulier: très mal dans sa peau), duo improbable et très attachant aux prises avec un crime épouvantable au mobile insupportable et dont aucun détail ne vous sera caché, le tout dans la belle campagne anglaise du Yorkshire. How perfectly thrilling!
N'ayez pas peur des 413 pages; tout se lit très facilement, le récit comportant de très nombreux dialogues et des chapitres courts.
Linley et Havers sont aussi des héros du petit écran, puisque la BBC a adapté les romans d'Elizabeth George de 2001 à 2008.

jeudi 24 juin 2010

Chasse à l'homme à Londres...

Je viens de terminer le dernier roman écrit par un voisin... Mr William Boyd himself fait en effet ses courses au même supermarché que moi;-).
Car non content d'être un des écrivains britanniques vraiment contemporains (i.e. encore en vie et pas trop vieux!!!) et des plus lus, il est aussi à la tête d'une propriété viticole dans le beau vignoble de Pomport (24). Il lui arrive même de donner des séances de dédicaces (de ses bouteilles!). Cliquez sur le titre de ce message pour en savoir plus...

Tout ça pour vous dire que je vous recommande chaudement (car il fait 36° aujourd'hui- how very funny) son dernier roman:

'Ordinary Thunderstorms', de William Boyd (2009 - 403 pages)
Niveau minimum requis: B2 (pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Le roman donne lieu à une chasse à l'homme dans Londres de nos jours; le suspense est haletant, les personnages pas trop nombreux malgré les 400 pages et l'intrigue est digne d'un bon thriller. Not to mention que vous découvrirez certains quartiers de Londres sous un jour merveilleusement menaçant...
Le type de livre qu'on ne peut pas poser (unputdownable)...
Parfaitement compatible avec la plage, malgré le danger... d'oublier de vous tartiner de crème solaire ;-)

samedi 5 juin 2010

Envie de vacances?

Faisons comme les programmes de télévision française tous les mois de juin, passons à du léger, du facile, qui nous divertit tout en nous chavirant.
Bref, du prêt-à-lire tout en prenant le soleil dans un jardin...

J'ai choisi de vous recommander les livres d'une romancière irlandaise répondant au doux nom de Maeve Binchy. Depuis les années 80 elle écrit des histoires assez simples qui ressemblent aux séries de l'été sur les chaînes du service public français: des personnages ordinaires - bien que très attachants - qui s'aiment, quittent leur village natal (presque toutes les intrigues ont pour toile de fond la verte campagne irlandaise) puis doutent, découvrent des secrets, ne s'aiment plus, se souviennent d'une promesse, etc.
Vous l'aurez compris, ces romans ne répondent pas aux canons de la littérature digne d'être étudiée à l'université! On est plutôt dans le type de livre qu'on achète vite fait à l'aéroport, mais qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière page.
En un mot (in a nutshell), beaucoup de petits riens qui campent malgré tout des intrigues bien fichues, flirtant parfois avec le sordide, le tout dans une langue vraiment accessible.
Du mélodrame à l'irlandaise, ce qui est presque un pléonasme vu la douloureuse histoire cette île, magnifique par ailleurs!

Les romans que j'ai lus et que je vous recommande s'intitulent:
Un très court pour commencer: 'The Builders' de Maeve Binchy (2002 - 92 pages')
Et si la prose de Maeve Binchy vous plaît, lancez-vous dans ces romans-fleuves:
'Light a Penny Candle' de Maeve Binchy (1982 - 600 pages!)
'Firefly Summer' de Maeve Binchy (1987 - 510 pages)
'Circle of Friends' de Maeve Binchy ( 1990 - 600 pages)
Niveau minimum requis: B1+ (pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Pour davantage découvrir l'Irlande à travers ses écrivains, aller voir mes messages de décembre et juin 09.



samedi 29 mai 2010

Sam Cam & co.

Sam Cam, vous connaissez? Mais si, elle est la nouvelle coqueluche des tabloids britanniques... C'est Samantha Cameron, épouse de David Cameron, le nouveau premier ministre de Sa Majesté.
Sam Cam est rapidement devenue un atout majeur pour son mari, très identifié comme membre de The Establishment, à savoir, fils de famille upper-class, passé par Eton et Oxford, proche des milieux financiers.
Cliquez sur le titre de ce message pour plus de détails sur Sam Cam.

Et Rachel Johnson, ça vous dit quelque chose (does it ring a bell?)? Elle est la soeur du bouillonnant Boris Johnson, le maire de Londres le plus excentrique que la capitale britannique ait connu. (regardez son clip sur youtube: http://www.youtube.com/watch?v=Iy88oS9iY9A).

Quel est le lien entre ces deux femmes? La deuxième a publié un livre (qui est en passe de devenir un best-seller) dans lequel elle décrit la vie trépidante des femmes de... (banquiers, hommes de pouvoir, architectes renommés, héritiers d'une fortune familiale, etc.) qui ont pour points communs leurs énormes revenus et leur adresse: ils habitent autour d'un square privé à Notting Hill... rebaptisé pour la circonstance en Notting HELL!
'Notting Hell' est une description cruelle et désenchantée de la vie des très riches (dont David Cameron fait partie) avant la crise financière (un des maris travaille pour Goldman Sachs!) .

'Notting Hell' de Rachel Johnson (2006 - 328 pages)
Niveau minimum requis: B1+/B2 (pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

L'histoire est racontée par deux copines, Mimi et Clare, chacune donnant sa version des événements (par événement, comprendre: 'fête du square', 'nouveau voisin', 'décoration de la maison', 'aménagement d'un jardin'.
Mimi et Clare partagent beaucoup de choses, notamment l'obsession de rester des 'yummy mummies', 'yum yum' étant la version anglaise de 'miam miam'...

Si vous aimez les confessions de personnages pris au piège du rôle que la société leur impose de jouer, ce livre vous plaira. On ne s'inquiète que de ses cours de yoga, de Pilates et de soirées à organiser, tellement arrosées qu'elles amènent les protagonistes à tromper mari et femme avec le ou/et la voisine...
Bien sûr, les enfants se comportent comme des petits tyrans, choyés à outrance par des parents qui s'en servent comme des faire-valoir... Yummy???

Personnellement, j'ai trouvé les deux narratrices passablement agaçantes, vaines et pas très futées! Mais il y a de bons passages et le récit est vivant: c'est écrit au présent, comme la voix de Mary-Alice qui commente ce qui se passe sous ses yeux dans Desperate Housewives.
Il y a aussi le portrait d'une épouse française, terriblement sexy grâce à son hygiène de vie (les love affairs, ça aide à garder la forme!) mais surtout à cause de son accent quand elle parle anglais. Les transcriptions de ce qu'elle dit sont amusantes - elle doit avoir le même accent qu'Eric Cantonna ;-)

Pour revenir à Sam Cam, elle est une yummy mummy, enceinte de surcroît: la presse britannique, qui est déjà très lue outre-manche, ne pouvait rêver mieux.
Ce livre vous fera mieux appréhender la réalité de la nouvelle classe dirigeante au Royaume-Uni, plutôt consternante, if you ask me!

samedi 24 avril 2010

Afrique du Sud: les grands classiques PART THREE

Je viens de terminer la lecture d'un classique parmi les classiques que je vous recommande si vous voulez appréhender la délicate question de la place de chaque communauté dans la société sud-africaine AVANT le régime brutal de l'apartheid:

'Cry, the beloved country' de Alan Paton (1948- 230 pages)
Niveau minimum requis: B1+ (pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)
Peut convenir à un jeune lecteur (14-15 ans)

C'est en effet un livre fondamental (qui est d'ailleurs souvent au programme de littérature dans les lycées anglophones) pour comprendre les relations compliquées et pas nécessairement antagonistes de la population noire et des différentes communautés blanches à la veille de l'élection de D.F. Malan, dont le parti instaurera l'apartheid.
Un des intérêts de ce roman est de nous faire partager la vie de deux hommes que tout oppose mais qui pourtant se comprennent et se respectent. Un autre est d'éviter les poncifs habituels sur l'Afrique du Sud (qui sont les bons, qui sont les méchants) pour finalement amener le lecteur au cœur de l'identité de ce pays complexe.

La lecture est souvent facilitée par un grand nombre de dialogues et de descriptions d'actions. Les personnages sont aisés à reconnaître et souvent attachants.
Une difficulté à signaler toutefois: l'auteur utilise plusieurs narrateurs et certaines pages sont parfois compliquées à comprendre parce qu'on ne sait pas d'emblée qui parle. Enfin, certains passages relèvent plus d'une émouvante prose poétique, ce qui constitue une raison supplémentaire pour s'y plonger.

dimanche 11 avril 2010

Afrique du Sud: is it possible? PART TWO

'South Africa: it's possible' c'est le slogan très courageux du site officiel de l'Afrique du Sud. Il reconnait implicitement qu'aller en Afrique du Sud ne va pas de soi (is not self-evident) ...
L'assassinat sauvage, la semaine dernière, du représentant le plus connu des nostalgiques de l'apartheid, Eugène Terreblanche - aux ancêtres huguenots (cliquez sur le titre de ce message pour plus de détails) - a ravivé la crainte bien réelle que le pays est loin d'être pacifié.
Mais comment le serait-il, après des décennies d'exactions innommables? La démocratie sud-africaine est jeune et fragile (je vous rappelle que les premières élections démocratiques ont eu lieu voici 16 ans...).
Ce mois-ci je vous propose de lire un roman écrit par un immense écrivain sud-africain, J.M. Coetzee, Prix Nobel de Littérature en 2003. C'est un homme très discret, qui a horreur des interviews et dont on sait peu de choses: il est né en 1940, a exercé le métier de professeur de littérature à Cape Town et, comme beaucoup de ses compatriotes blancs, a finalement quitté l'Afrique du Sud pour l'Australie en 2002. Il n'a jamais défendu l'apartheid, bien au contraire, mais n'a jamais pris parti pour un mouvement quel qu'il soit. Voici ce qu'un article du magazine 'Time' dit sur lui (en octobre 2003):
'
Coetzee will be remembered for something quite simple: here was a writer who described, more truly than any other, what it was to be white and conscious in the face of apartheid's stupidities and cruelties.'

'Disgrace' de J.M. Coetzee (1999- 220 pages )
Niveau minimum requis: B2 (pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)
Ce roman a déclenché une véritable polémique en Afrique du Sud, probablement parce qu'il a été un des premiers à mettre en scène le désarroi de la minorité blanche lorsqu'elle perd sa suprématie dans la nouvelle Afrique du Sud. On y suit la longue descente aux enfers d'un professeur d'université cinquantenaire, solitaire et désabusé ainsi que celle de sa fille, une sorte de hippie débonnaire (est-ce un pléonasme?) chez laquelle il croit pouvoir trouver refuge...
Euh... non, avec J.M. Coetzee, il faut s'attendre à un bel épisode de violence brute, qui laisse le lecteur K.O (
knocked-out).
De l'avis de beaucoup de critiques, le Prix Nobel de Littérature vient justement récompenser une écriture post-moderne très maîtrisée sous une apparente simplicité. Choix rare chez les écrivains anglophones, le récit de 'Disgrace' est écrit au présent simple, lui conférant une immédiateté accrochant le lecteur jusqu'à la dernière page.

Âmes sensibles, ne pas s'abstenir: vous passeriez à côté d'une incroyable expérience de lecture. Et de découverte de l'envers du décor de la 'Rainbow Nation'.

jeudi 25 mars 2010

En route pour l'Afrique du Sud! PART ONE

... Mais pas pour le football! Cet incroyable pays va bientôt se trouver sous les feux de la rampe. C'est le bon moment pour lire des auteurs sud-africains et assister à l'émergence d'une nouvelle Afrique du Sud dont beaucoup prédisait un avenir bien sombre malgré l'élection de 'Madiba', aka (=also known as) Nelson Mandela, my beloved hero (voir le message du 24 juin 09).

Les livres écrits par des auteurs sud-africains sont souvent très douloureux, l'histoire du pays étant chaotique depuis la colonisation des fermiers hollandais ('the Boers' qui parlent l'Afrikaans), suivie de celle des Anglais qui prendront le contrôle du pays avant que les 'Afrikaners' (descendants des Boers, vous suivez?) remportent les élections en 1948 et instaurent un des régimes politiques les plus liberticides jamais inventés, l' 'apartheid' (=séparation en Afrikaans) qui restera en vigueur jusqu'en 1990. Le monde assiste alors à la libération d'un homme qui va devenir l'icône absolue de 'New South Africa'... Vous connaissez la suite.
Avant la fin de l'apartheid, nombre d'écrivains sud-africains ont vu leurs livres censurés. Je vous propose la lecture de l'un d'entre eux, publié en 1985 (période de très grande tension en Afrique du Sud). Il a été écrit par une auteure pour la jeunesse, Beverley Naidoo. Elle est née en Afrique du Sud en 1943 dans une famille blanche et a connu la prison à 21 ans pour ses opinions anti-apartheid. Elle a fui son pays natal pour l'Angleterre en 1965 et n'y est revenue qu'en 1991.

'Journey to Jo'burg' par Beverley Naidoo (1985 - 89 pages)
Niveau minimum requis: A2+ Peut convenir à un jeune lecteur
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

N'hésitez pas une minute à vous offrir (et à offrir à de jeunes lecteurs) ce petit livre: il raconte l'épopée de deux enfants noirs en route pour retrouver leur mère qui travaille à Johannesburg. On découvre la dure réalité des lois incompréhensibles du régime afrikaner à travers les yeux de ces deux enfants qui quittent leur village natal pour la première fois.
Leur longue marche permet à Beverley Naidoo de dénoncer la flagrante injustice du système politique ultra-répressif dont ils sont victimes, ce qui constitue probablement la raison pour laquelle cette histoire inspirée de faits réels a été censurée jusqu'en 1991.
Le récit est suivi d'une dizaine de pages où Beverley Naidoo présente ce qu'il faut savoir sur l'Afrique du Sud dans la deuxième moitié du XXème siècle. C'est vraiment une lecture que je vous recommande; vous aurez à n'en pas douter envie de faire lire ce petit livre tout autour de vous.
NB: Beverley Naidoo s'adresse à de jeunes lecteurs. La violence des situations est atténuée par la candeur des personnages principaux. Elle parvient à dénoncer l'apartheid sans nous confronter à l'insupportable cruauté dont d'autres auteurs feront le cœur même de leurs écrits. (to be continued...)

samedi 13 mars 2010

Devoir de mémoire

'Sister Sister' par Anna Rosner Blay (264 pages, 1998)
Niveau minimum requis: B1
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Au moment où le film 'La Rafle' sort dans les salles de cinéma, je ne peux pas ne pas vous signaler ce livre, 'Sister Sister', écrit en anglais par une auteure née en France en 1947 et partie pour l'Australie à l'âge de 2 ans.

Ce sera sûrement le seul livre dont je parlerai sur ce blog avec autant d'émotion.

Il se trouve que l'auteure, Anna, est devenue une amie.
Je l'ai rencontrée à Melbourne en 2002, lors d'un échange scolaire entre mon lycée et celui où elle enseignait le français. A ce moment-là, je lisais l'autobiographie de Roberta Sykes, une Aborigène qui a fait ses études à Harvard après avoir subi les pires outrages dans son pays. Dans la salle des professeurs de ce lycée, la conversation tournait autour de la littérature; nous disions que la plupart des autobiographies relatent des faits qu'un auteur de fiction n'oserait jamais inventer, tant les faits paraissent littéralement incroyables. Anna était un peu plus loin, seule, perdue dans ses pensées et quelqu'un m'a murmuré: 'Tu vois Anna, là-bas? Elle est née à Paris après la guerre. Elle vient d'une famille de Juifs polonais dont certains ont survécu au ghetto de Cracovie, puis aux camps de concentration parce qu'ils étaient sur la liste de Schindler.'

J'ai fait la connaissance d'Anna quelques jours plus tard; elle m'a offert son livre et je m'y suis plongée avec un mélange d'impatience et d'effroi.

Lire 'Sister Sister' n'est pas une expérience de lecture ordinaire.
Les deux sœurs du titre sont Hela, sa mère et Janka, sa tante. Le livre est construit sur le tissage de leurs témoignages recueillis et mis en forme par Anna après des années de non-dits et de silences sur leur vie avant, pendant et après cette tragédie. Leurs récits, d'une puissance émotionnelle intense, se démarquent des autres récits de survivants parce qu'ils sont ponctués de passages de prose poétique qui révèlent le lien entre les rêves et les cauchemars d'Anna et le traumatisme subi par sa famille. Ses premiers souvenirs d'enfance (à Paris), ses angoisses une fois adulte (elle a une peur panique du dentiste), ses peurs et ses souffrances prennent tout leur sens à la lumière de ce que ses parents ont vécu et, comme la plupart des survivants, choisi de taire pendant des dizaines d'années.

Le niveau de langue est vraiment accessible, l'anglais n'étant pas la langue maternelle de Hela et Janka. Les passages écrits par Anna sont plus élaborés* mais c'est surtout ce qui est relaté qui peut être, on s'en doute, totalement insoutenable.
Or, il y a tellement d'amour dans ce livre qu'on ne peut le poser avant de l'avoir terminé.
*Anna est aussi publiée pour sa poésie et d'autres écrits, cliquez sur le titre de ce message pour aller voir son site officiel.

Anna a perdu son père l'an passé; sa mère vit toujours à Melbourne, loin, très loin de son pays natal. Anna vient de ce côté-ci de la planète tous les 4 ou 5 ans, me faisant l'immense plaisir de se poser chez moi une petite semaine avant de continuer son chemin ailleurs en Europe.
I love her so much.

NB: Aujourd'hui (le 10/10/10) Helen (Hela) Rosner s'est éteinte, entourée de ceux qui l'aimaient, à Melbourne.

mercredi 10 mars 2010

Et si on s'amusait un peu?

Pour faire face à la rigueur de cet hiver qui n'en finit pas, je vous propose de découvrir une collection de guides qui peuvent paraître très 'différents'* ... Ils s'attachent en fait à décrire de la façon la plus juste mais aussi la plus irrévérencieuse les caractéristiques d'un pays et de ses habitants (pas de rapport avec le funeste débat français sur l'identité nationale!).

Ces guides s'appellent tous : 'The Xenophobe's Guide to the... [+ la nationalité]', titre difficile à assumer quand on lit l'ouvrage dans un aéroport ou dans un hall de gare! Mais il suffit de glisser ce petit manuel dans un magazine, comme les businessmen qui lisaient incognito les aventures de 'Harry Potter' dès leur parution dans les trains anglais!

Niveau minimum requis: B1+
car ce peut être très 2nd degré!
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

L'idée de cette collection est en réalité de donner à ses lecteurs les clés pour décoder des comportements qui leur sont étrangers.
Les auteurs diffèrent selon la nationalité étudiée, mais il s'agit très souvent d'un anglophone qui vit dans le pays en question depuis longtemps, et qui partage la vie d'un autochtone. C'est donc à prendre un 'inside look' que nous sommes invités, avec une distance bienveillante mais redoutablement perspicace.
Je crois qu'il faut commencer par celui qui décrit les Français; il y a des pages hilarantes qui identifient finement nos particularismes et nos travers .
Il existe une trentaine de guides (sur les Américains, les Anglais, les Italiens, les Australiens, les Allemands, les Suisses, mais aussi les Japonais..).
Moi qui vais en Angleterre très souvent et depuis longtemps, je dois avouer que la lecture du 'Xenophobe's Guide to the English' m'a fait comprendre a couple of things dont je n'avais jamais eu conscience.

A lire pour savourer davantage son séjour sous d'autres cieux.

* l'adjectif 'different' est très utilisé par les Britanniques lorsqu'ils sont obligés de donner leur opinion et qu'elle n'est pas très positive, par exemple:
'How did you like the play?'
'Oh, it was... different.'

mercredi 24 février 2010

Vive le 'nonsense'!

'Alice's Adventures in Wonderland', par Lewis Carroll (1865 - 161 pages)
Niveau minimum requis: B1
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Début mars 2010 a été programmée la sortie en France du dernier film très attendu de Tim Burton: une nouvelle version de 'Alice's Adventures in Wonderland'. Voilà le parfait moment pour lire cet incroyable conte dans le texte!

Alice Lidell a réellement existé. Elle représente la véritable petit fille victorienne des classes favorisées: très bien élevée, obéissante, apprenant ses leçons avec application, muette en présence d'adultes...
Mais comme elle s'ennuie!
Lewis Carroll, de son vrai nom Charles Dodgson, inventera pour la divertir une histoire dont elle lui réclame qu'elle soit 'with plenty of nonsense in it'. La culture du 'nonsense' étant une composante fondamentale de la psyché anglaise, Charles Dodgson se prend au jeu et finira par publier le conte qu'il a fabriqué pour Alice Lidell.

L'anglais de Lewis Carroll s'avère assez facile à lire; d'abord parce que nous connaissons tous (surtout grâce à Walt Disney...) les aventures d'Alice et les personnages loufoques qu'elle rencontre, mais aussi parce que les dialogues sont nombreux et vraiment amusants. On y apprend aussi de multiples comptines: vous souvenez-vous de Humpty-Dumpty, ce petit garçon-œuf juché sur un mur?
La plupart des éditions insèrent en outre des dessins qui aident également à la compréhension.

'Through the Looking Glass' accompagne souvent 'Alice's Adventures in Wonderland', mais la lecture en est moins aisée. Il faut se souvenir que Charles Dodgson était professeur de mathématiques à Oxford; ses écrits ont donc plusieurs niveaux d'analyse. Cet ouvrage fait d'ailleurs souvent l'objet d'études approfondies à l'université. Les mathématiques et la littérature y trouvent là un point d'orgue assez fascinant! Opposites attract, don't they? ;-)

Amusez-vous bien!

vendredi 12 février 2010

Ce cher... Sherlock Holmes

"The Adventures of Sherlock Holmes", par Sir Arthur Conan Doyle (1892 - 302 pages)
Niveau minimum requis: B1 - peut parfaitement convenir à un jeune lecteur.
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Ce cher Sherlock Holmes... Voilà un des rares personnages de fiction à être doté d'une vie bien à lui. Il est même possible de visiter sa maison, au 221b Baker Street, in London, of course! Vous verrez son bureau, découvrirez ses instruments divers et variés, et pourrez même vous faire photographier avec son chapeau (a deerstalker) et sa pipe. En cas d'une soudaine envie for a nice cup of tea, Mrs Hudson se fera un plaisir de dresser votre table au basement...
'The Adventures of Sherlock Holmes' sont racontées par Dr Watson, (son acolyte, ou, plus 2010, 'son coloc'!). Il écrit une sorte de chronique des affaires mystérieuses confiées au célèbre détective.
Malgré la date de publication (fin de l'ère victorienne), l'anglais est facile à comprendre, notamment parce que la plupart des histoires sont rapportées sous forme de dialogue: des clients implorant Sherlock Holmes d'apporter ses lumières sur un cas abandonné par la police faute de preuves ('Cold Case' version fin XIXème!), ou bien le détective expliquant le détail qui va perdre le criminel à ce pauvre Watson (qui, comme nous, d'ailleurs n'avait rien compris!) ...
Les histoires sont courtes, variées et très inventives.
Mais, pour moi, le plus fascinant reste le portrait physique et psychologique de cet homme à l'intelligence supérieure, adorateur de science et de logique. Il incarne une certaine idée de l'Englishness': en vrai excentrique, jouer du violon (surtout en pleine nuit) l'aide à démêler les intrigues; élancé, émacié (il a arrêté la cocaïne grâce au Dr Watson), toujours tiré à quatre épingles, il s'adresse à ses pires ennemis avec une politesse exemplaire!

Deux petites choses encore:
- 'Sherlock' se prononce comme 'mon cher ami' en français (et pas comme 'Ciao' en italien); et dans 'Holmes' le 'l' est inaudible.
- comme vous le découvrirez en lisant ces 'Adventures', Sherlock Holmes ne dit jamais 'Elementary, my dear Watson'!

Bonne lecture!

NB: des versions simplifiées sont disponibles pour les niveaux A2 et B1-. Mais rien ne vaut la vraie prose de Conan Doyle...



dimanche 7 février 2010

Osez Salinger!

'The Catcher in the Rye' par J.D. Salinger (1951 - 192 pages)
Niveau minimum requis: B1
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Après un demi-siècle de silence, Jerome David Salinger est finalement réapparu une dernière fois sur le devant de la scène en ce début d'année 2010... pour quitter le monde des vivants. Sa mort a en effet rappelé à nos mémoires son chef d'œuvre, 'The Catcher in the Rye' sorti en 1951 et lu et relu depuis, notamment par des non anglophones qui n'en supportent pas la traduction.
Il faut dire que le narrateur, Holden Caulfield, a 16 ans et se confie à son lecteur dans la langue qu'un adolescent américain des années 50 utiliserait. Il trouve tout son entourage 'phony', appelle systématiquement sa soeur 'OLD Phoebe', alors que c'est une petite fille et qualifie le comportement de ceux de plus de 17 ans 'corny'.
Traduire cet ouvrage est une gageure; la langue utilisée est très vite datée et la traduction du texte sonne tout simplement faux.
DONC: c'est un livre à ne lire qu'en version originale!

Holden nous raconte 48 heures de sa vie la veille de Noël: il vient de se faire exclure pour la énième fois d'un lycée réputé de la côte Est des Etats-Unis et décide de ne pas rentrer chez lui tout de suite.
C'est à peu près le temps qu'il nous faut pour lire 'The Catcher in the Rye'; on vit donc au même rythme ses aventures à travers Manhattan . Et il lui en arrive beaucoup; certaines d'ailleurs ont valu au livre d'être maintes fois censuré pour cause d'atteinte aux bonnes mœurs (cf l'excellent article du Monde - cliquez sur 'Osez Salinger!').
Personnellement, je n'ai rien vu qui pourrait choquer un lecteur de son âge de nos jours. En revanche, il me semble que lire 'The Catcher in the Rye' quand on est adolescent ne permet pas de l'apprécier à sa juste valeur: on est trop dans le 'miroir', parce que Holden Caulfield c'est vous et moi à 15 ans, cet âge ingrat où on est taraudé par des envies de liberté irrépressibles, méprisant le monde sclérosé des adultes tout en demeurant pourtant aussi vulnérable qu'un petit enfant. Le véritable complexe du homard!
J'ai lu 'The Catcher in the Rye' trop tôt: Holden Caulfield m'avait passablement agacée. Il devait trop ressembler à ces garçons insupportables d'immaturité et d'insolence potache qui perturbaient les cours au lycée;-)
Le relire 20 ans plus tard a été à l'opposé 'rejuvenating'. J'ai trouvé cet adolescent attachant et souvent émouvant, probablement parce que sa carapace de Don Quichotte décalé cache en réalité l'éternel jeune homme fragile, colosse aux pieds d'argile en quête perpétuelle d'amour.
Aussi le titre français 'L'Attrape-cœur', trouvé par Sébastien Japrisot et souvent décrié, n'est-il pas une si mauvaise traduction...