mercredi 24 février 2010

Vive le 'nonsense'!

'Alice's Adventures in Wonderland', par Lewis Carroll (1865 - 161 pages)
Niveau minimum requis: B1
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Début mars 2010 a été programmée la sortie en France du dernier film très attendu de Tim Burton: une nouvelle version de 'Alice's Adventures in Wonderland'. Voilà le parfait moment pour lire cet incroyable conte dans le texte!

Alice Lidell a réellement existé. Elle représente la véritable petit fille victorienne des classes favorisées: très bien élevée, obéissante, apprenant ses leçons avec application, muette en présence d'adultes...
Mais comme elle s'ennuie!
Lewis Carroll, de son vrai nom Charles Dodgson, inventera pour la divertir une histoire dont elle lui réclame qu'elle soit 'with plenty of nonsense in it'. La culture du 'nonsense' étant une composante fondamentale de la psyché anglaise, Charles Dodgson se prend au jeu et finira par publier le conte qu'il a fabriqué pour Alice Lidell.

L'anglais de Lewis Carroll s'avère assez facile à lire; d'abord parce que nous connaissons tous (surtout grâce à Walt Disney...) les aventures d'Alice et les personnages loufoques qu'elle rencontre, mais aussi parce que les dialogues sont nombreux et vraiment amusants. On y apprend aussi de multiples comptines: vous souvenez-vous de Humpty-Dumpty, ce petit garçon-œuf juché sur un mur?
La plupart des éditions insèrent en outre des dessins qui aident également à la compréhension.

'Through the Looking Glass' accompagne souvent 'Alice's Adventures in Wonderland', mais la lecture en est moins aisée. Il faut se souvenir que Charles Dodgson était professeur de mathématiques à Oxford; ses écrits ont donc plusieurs niveaux d'analyse. Cet ouvrage fait d'ailleurs souvent l'objet d'études approfondies à l'université. Les mathématiques et la littérature y trouvent là un point d'orgue assez fascinant! Opposites attract, don't they? ;-)

Amusez-vous bien!

vendredi 12 février 2010

Ce cher... Sherlock Holmes

"The Adventures of Sherlock Holmes", par Sir Arthur Conan Doyle (1892 - 302 pages)
Niveau minimum requis: B1 - peut parfaitement convenir à un jeune lecteur.
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Ce cher Sherlock Holmes... Voilà un des rares personnages de fiction à être doté d'une vie bien à lui. Il est même possible de visiter sa maison, au 221b Baker Street, in London, of course! Vous verrez son bureau, découvrirez ses instruments divers et variés, et pourrez même vous faire photographier avec son chapeau (a deerstalker) et sa pipe. En cas d'une soudaine envie for a nice cup of tea, Mrs Hudson se fera un plaisir de dresser votre table au basement...
'The Adventures of Sherlock Holmes' sont racontées par Dr Watson, (son acolyte, ou, plus 2010, 'son coloc'!). Il écrit une sorte de chronique des affaires mystérieuses confiées au célèbre détective.
Malgré la date de publication (fin de l'ère victorienne), l'anglais est facile à comprendre, notamment parce que la plupart des histoires sont rapportées sous forme de dialogue: des clients implorant Sherlock Holmes d'apporter ses lumières sur un cas abandonné par la police faute de preuves ('Cold Case' version fin XIXème!), ou bien le détective expliquant le détail qui va perdre le criminel à ce pauvre Watson (qui, comme nous, d'ailleurs n'avait rien compris!) ...
Les histoires sont courtes, variées et très inventives.
Mais, pour moi, le plus fascinant reste le portrait physique et psychologique de cet homme à l'intelligence supérieure, adorateur de science et de logique. Il incarne une certaine idée de l'Englishness': en vrai excentrique, jouer du violon (surtout en pleine nuit) l'aide à démêler les intrigues; élancé, émacié (il a arrêté la cocaïne grâce au Dr Watson), toujours tiré à quatre épingles, il s'adresse à ses pires ennemis avec une politesse exemplaire!

Deux petites choses encore:
- 'Sherlock' se prononce comme 'mon cher ami' en français (et pas comme 'Ciao' en italien); et dans 'Holmes' le 'l' est inaudible.
- comme vous le découvrirez en lisant ces 'Adventures', Sherlock Holmes ne dit jamais 'Elementary, my dear Watson'!

Bonne lecture!

NB: des versions simplifiées sont disponibles pour les niveaux A2 et B1-. Mais rien ne vaut la vraie prose de Conan Doyle...



dimanche 7 février 2010

Osez Salinger!

'The Catcher in the Rye' par J.D. Salinger (1951 - 192 pages)
Niveau minimum requis: B1
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Après un demi-siècle de silence, Jerome David Salinger est finalement réapparu une dernière fois sur le devant de la scène en ce début d'année 2010... pour quitter le monde des vivants. Sa mort a en effet rappelé à nos mémoires son chef d'œuvre, 'The Catcher in the Rye' sorti en 1951 et lu et relu depuis, notamment par des non anglophones qui n'en supportent pas la traduction.
Il faut dire que le narrateur, Holden Caulfield, a 16 ans et se confie à son lecteur dans la langue qu'un adolescent américain des années 50 utiliserait. Il trouve tout son entourage 'phony', appelle systématiquement sa soeur 'OLD Phoebe', alors que c'est une petite fille et qualifie le comportement de ceux de plus de 17 ans 'corny'.
Traduire cet ouvrage est une gageure; la langue utilisée est très vite datée et la traduction du texte sonne tout simplement faux.
DONC: c'est un livre à ne lire qu'en version originale!

Holden nous raconte 48 heures de sa vie la veille de Noël: il vient de se faire exclure pour la énième fois d'un lycée réputé de la côte Est des Etats-Unis et décide de ne pas rentrer chez lui tout de suite.
C'est à peu près le temps qu'il nous faut pour lire 'The Catcher in the Rye'; on vit donc au même rythme ses aventures à travers Manhattan . Et il lui en arrive beaucoup; certaines d'ailleurs ont valu au livre d'être maintes fois censuré pour cause d'atteinte aux bonnes mœurs (cf l'excellent article du Monde - cliquez sur 'Osez Salinger!').
Personnellement, je n'ai rien vu qui pourrait choquer un lecteur de son âge de nos jours. En revanche, il me semble que lire 'The Catcher in the Rye' quand on est adolescent ne permet pas de l'apprécier à sa juste valeur: on est trop dans le 'miroir', parce que Holden Caulfield c'est vous et moi à 15 ans, cet âge ingrat où on est taraudé par des envies de liberté irrépressibles, méprisant le monde sclérosé des adultes tout en demeurant pourtant aussi vulnérable qu'un petit enfant. Le véritable complexe du homard!
J'ai lu 'The Catcher in the Rye' trop tôt: Holden Caulfield m'avait passablement agacée. Il devait trop ressembler à ces garçons insupportables d'immaturité et d'insolence potache qui perturbaient les cours au lycée;-)
Le relire 20 ans plus tard a été à l'opposé 'rejuvenating'. J'ai trouvé cet adolescent attachant et souvent émouvant, probablement parce que sa carapace de Don Quichotte décalé cache en réalité l'éternel jeune homme fragile, colosse aux pieds d'argile en quête perpétuelle d'amour.
Aussi le titre français 'L'Attrape-cœur', trouvé par Sébastien Japrisot et souvent décrié, n'est-il pas une si mauvaise traduction...