jeudi 21 janvier 2010

'Au secours: je manque de vocabulaire!'

Voilà ce que la plupart d'entre nous déclarons quand nous sommes confrontés à des étrangers, notamment à des Anglophones (qui 'parlent trop vite' ou qui 'n'ont pas le même accent que ma prof'. En France, nous avons malheureusement été éduqués dans l'idée que 'bien parler une langue étrangère, c'est être bilingue'. C'est en train de changer, grâce aux apports du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (cf messages de juin 09 sur ce blog).

J'écris le message d'aujourd'hui à la suite d'une conférence sur ce Cadre Européen; une des pistes que cet ouvrage indispensable propose (et que l'Education Nationale n'a pas retenue), c'est le plurilinguisme. Il s'agit d'apprendre ou d'améliorer son niveau dans une langue vivante en s'aidant de ce que l'on connaît déjà dans une autre langue étrangère. Nous ne le faisons presque jamais en classe, essentiellement parce que les enseignants français sont diplômés dans une seule langue, et que la même réserve (celle du silence si nous ne sommes pas bilingues) s'applique ici aussi.

C'est très dommage, et je vous propose d'essayer cette pratique (résolution de début d'année!).
Le plus facile, c'est de faire des liens entre des langues de la même famille: l'anglais et l'allemand (langues germaniques), l'espagnol, le français et l'italien (langues romanes), etc.
L'idée est de créer à partir de ce qui est connu un répertoire plurilingue:
- au niveau du vocabulaire (Fr: 'Comprendre' - Ang: 'Understand' - All: 'Verstehen')
- au niveau grammatical (l'expression de la possession: Ang: 'John's car' - All: 'Johanns Wagen' ou l'expression de la comparaison: Ang: 'better than' - All: 'besser als' ou bien encore les fameux verbes irréguliers en anglais et les non moins abominables verbes forts en allemand!)

Si vous connaissez mieux l'espagnol et pas du tout d'allemand, rien ne vous empêche de faire des ponts avec l'anglais. L'important est de se baser sur des savoirs déjà activés pour ajouter de nouvelles connaissances et de les mettre en relation .
Il a été démontré que lorsque nous apprenons quelque chose de nouveau, cela se greffe sur ce que nous savons déjà. Le plurilinguisme (en tout cas ce que j'en ai retenu!) nous amène à relier de façon consciente le nouveau avec le déjà appris et retenu.

A ce propos je vous conseille vivement la lecture d'un livre génial:
'L'aventure des langues en Occident' de Henriette Walter, publié en 1994.
Cette incroyable linguiste y répertorie avec talent, clarté et beaucoup d'humour ces fameux ponts entre les langues parlées dans l'Europe d'aujourd'hui.

Personnellement, après de longues années de non utilisation de la langue allemande que j'ai apprise au collège et lycée (j'étais Allemand 1ère langue jusqu'au bac!), je me lance dans cette aventure du plurilinguisme et vous raconterai prochainement l'avancée - ou pas - de mon répertoire plurilingue. Mon projet, c'est de lire 'Der Vorleser', 'Le liseur' de Bernard Schlink, que j'ai lu (et adoré!) en français...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Non enseignant mais père de famille, j'ai commencé à lire en anglais quand mon ainé a lu l'un des premiers tomes d'HP pour le collège. Mon niveau n'est pas fameux mais j'ai acquis un peu de vocabulaire qui me donne aujourd'hui une certaine aisance dans la lecture. Ce qui m'a aidé au départ (et m'aide encore) est la classification des dicos pour apprenant d'Oxford ou Cambridge : vocabulaire essentiel, intermédiaire ou avancé (au-delà, existe aussi).
Essentiels : si lacune par ex. : to hold, to get => indication pour lire tranquillement l'intégralité de cet entrée du dico et y revenir humblement autant de fois que nécessaire. J'ai eu la satisfaction de me rendre compte que mes lacunes ont vite été entièrement comblées. A moins d'une thématique particulièrement évanescente (style Virgina Wolf) tout texte en anglais devient facilement craquable.
Intermediaires : par ex pour moi : to crawl. Satisfaction de les retrouver à plusieurs reprises dans le même livre de sorte que cela rentre vite. Après un mois sans lecture anglaise, ils sont de nouveau oubliés mais lecture après lecture, comme je les rencontre de nouveau, j'ai fini par en retenir définitivement un certain nombre.
Voc. avancé et au delà : rarement nécessaire pour accéder au sens du texte. La récompense est leur intérêt soit culturel (Vocabulaire propre au personnage / propre au thème auxquels on s'intéresse) soit littéraire (par ex : "A stilted heron labored up into the air and pounded down river" = 12 mots pour un tableau vivant qu'un Genevoix ne nous ferait pas en une page entière !).
Cette distinction m'aide quant à l'expression orale et écrite. Voc. essentiel : si je n'ai pas trouvé le moyen de m'exprimer spontanément avec les 3000 mots de ce lexique réduit alors j'ai conceptualisé en franchouillard donc de façon bizarre pour un interlocuteur anglais. Voc intermédiaire : uniquement pour enrichir éventuellement ce que j'ai déjà pu exprimer en anglais de base mais uniquement aussi si j'utilise le mot dans le contexte précis où je l'ai vu utilisé (sinon trop casse-figure). Voc.avancé : interdit car même correctement utilisé sera pédant pour qui je suis pour un locuteur anglais.