dimanche 7 février 2010

Osez Salinger!

'The Catcher in the Rye' par J.D. Salinger (1951 - 192 pages)
Niveau minimum requis: B1
(pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)

Après un demi-siècle de silence, Jerome David Salinger est finalement réapparu une dernière fois sur le devant de la scène en ce début d'année 2010... pour quitter le monde des vivants. Sa mort a en effet rappelé à nos mémoires son chef d'œuvre, 'The Catcher in the Rye' sorti en 1951 et lu et relu depuis, notamment par des non anglophones qui n'en supportent pas la traduction.
Il faut dire que le narrateur, Holden Caulfield, a 16 ans et se confie à son lecteur dans la langue qu'un adolescent américain des années 50 utiliserait. Il trouve tout son entourage 'phony', appelle systématiquement sa soeur 'OLD Phoebe', alors que c'est une petite fille et qualifie le comportement de ceux de plus de 17 ans 'corny'.
Traduire cet ouvrage est une gageure; la langue utilisée est très vite datée et la traduction du texte sonne tout simplement faux.
DONC: c'est un livre à ne lire qu'en version originale!

Holden nous raconte 48 heures de sa vie la veille de Noël: il vient de se faire exclure pour la énième fois d'un lycée réputé de la côte Est des Etats-Unis et décide de ne pas rentrer chez lui tout de suite.
C'est à peu près le temps qu'il nous faut pour lire 'The Catcher in the Rye'; on vit donc au même rythme ses aventures à travers Manhattan . Et il lui en arrive beaucoup; certaines d'ailleurs ont valu au livre d'être maintes fois censuré pour cause d'atteinte aux bonnes mœurs (cf l'excellent article du Monde - cliquez sur 'Osez Salinger!').
Personnellement, je n'ai rien vu qui pourrait choquer un lecteur de son âge de nos jours. En revanche, il me semble que lire 'The Catcher in the Rye' quand on est adolescent ne permet pas de l'apprécier à sa juste valeur: on est trop dans le 'miroir', parce que Holden Caulfield c'est vous et moi à 15 ans, cet âge ingrat où on est taraudé par des envies de liberté irrépressibles, méprisant le monde sclérosé des adultes tout en demeurant pourtant aussi vulnérable qu'un petit enfant. Le véritable complexe du homard!
J'ai lu 'The Catcher in the Rye' trop tôt: Holden Caulfield m'avait passablement agacée. Il devait trop ressembler à ces garçons insupportables d'immaturité et d'insolence potache qui perturbaient les cours au lycée;-)
Le relire 20 ans plus tard a été à l'opposé 'rejuvenating'. J'ai trouvé cet adolescent attachant et souvent émouvant, probablement parce que sa carapace de Don Quichotte décalé cache en réalité l'éternel jeune homme fragile, colosse aux pieds d'argile en quête perpétuelle d'amour.
Aussi le titre français 'L'Attrape-cœur', trouvé par Sébastien Japrisot et souvent décrié, n'est-il pas une si mauvaise traduction...



Aucun commentaire: