dimanche 11 avril 2010

Afrique du Sud: is it possible? PART TWO

'South Africa: it's possible' c'est le slogan très courageux du site officiel de l'Afrique du Sud. Il reconnait implicitement qu'aller en Afrique du Sud ne va pas de soi (is not self-evident) ...
L'assassinat sauvage, la semaine dernière, du représentant le plus connu des nostalgiques de l'apartheid, Eugène Terreblanche - aux ancêtres huguenots (cliquez sur le titre de ce message pour plus de détails) - a ravivé la crainte bien réelle que le pays est loin d'être pacifié.
Mais comment le serait-il, après des décennies d'exactions innommables? La démocratie sud-africaine est jeune et fragile (je vous rappelle que les premières élections démocratiques ont eu lieu voici 16 ans...).
Ce mois-ci je vous propose de lire un roman écrit par un immense écrivain sud-africain, J.M. Coetzee, Prix Nobel de Littérature en 2003. C'est un homme très discret, qui a horreur des interviews et dont on sait peu de choses: il est né en 1940, a exercé le métier de professeur de littérature à Cape Town et, comme beaucoup de ses compatriotes blancs, a finalement quitté l'Afrique du Sud pour l'Australie en 2002. Il n'a jamais défendu l'apartheid, bien au contraire, mais n'a jamais pris parti pour un mouvement quel qu'il soit. Voici ce qu'un article du magazine 'Time' dit sur lui (en octobre 2003):
'
Coetzee will be remembered for something quite simple: here was a writer who described, more truly than any other, what it was to be white and conscious in the face of apartheid's stupidities and cruelties.'

'Disgrace' de J.M. Coetzee (1999- 220 pages )
Niveau minimum requis: B2 (pour déterminer votre niveau de lecture, reportez-vous aux pages de juin 09 de ce blog)
Ce roman a déclenché une véritable polémique en Afrique du Sud, probablement parce qu'il a été un des premiers à mettre en scène le désarroi de la minorité blanche lorsqu'elle perd sa suprématie dans la nouvelle Afrique du Sud. On y suit la longue descente aux enfers d'un professeur d'université cinquantenaire, solitaire et désabusé ainsi que celle de sa fille, une sorte de hippie débonnaire (est-ce un pléonasme?) chez laquelle il croit pouvoir trouver refuge...
Euh... non, avec J.M. Coetzee, il faut s'attendre à un bel épisode de violence brute, qui laisse le lecteur K.O (
knocked-out).
De l'avis de beaucoup de critiques, le Prix Nobel de Littérature vient justement récompenser une écriture post-moderne très maîtrisée sous une apparente simplicité. Choix rare chez les écrivains anglophones, le récit de 'Disgrace' est écrit au présent simple, lui conférant une immédiateté accrochant le lecteur jusqu'à la dernière page.

Âmes sensibles, ne pas s'abstenir: vous passeriez à côté d'une incroyable expérience de lecture. Et de découverte de l'envers du décor de la 'Rainbow Nation'.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci de m'avoir permis de découvrir ce livre et cet écrivain. Le regard sur la société sud africaine est différent de ce que l'on peut avoir l'habitude de voir ou d'entendre. J'ai particulièrement apprécié la description de la vie rurale et notamment la manière dont blancs et noirs vivent ensemble ou côte à côte dans une Afrique du Sud post apartheid .
Merci encore.

Lizzy a dit…

Avec plaisir! Ce blog est fait pour ça. C'est vrai que l'Afrique du Sud de la campagne n'est pas celle qui intéresse les journalistes. C'est en effet aussi un des atouts de ce roman. Et puis bravo si vous n'êtes pas spécialiste de l'anglais: vous avez lu dans le texte un livre d'un Prix Nobel de Littérature. Good for you!